The End -

A : - Fin
B : - Ouais j'ai un petit creux moi aussi !
A : - Non, fin, fin de mon bouquin
B : - Ah ! Il t'a plu ?
A : - Oui, super !
B : - Pourquoi l'as-tu terminé alors ?
A : - Ben parce qu'il m'a plu !
B : - Oui, mais maintenant tu l'as fini, c'est triste, non ?
A : - Non, c'était plutôt une fin heureuse
B : - Je trouve ça encore plus triste …
A : - J'comprends rien !
B : - Quand un livre me plaît, je ne veux pas arriver à la fin. La fin, ça veut dire que c'est fini, tu vois ?
A : - Oui, par définition, oui
B : - Voilà
A : - Donc tu ne termines jamais les histoires qui te plaisent ?
B : - Voilà
A : - Mais t'es pas frustrée ?
B : - Non, au contraire ! C'est arrivé dernière page, dernière ligne, dernier mot, dernier point. Le point final … Alors lui, j'peux pas le sentir, pas le piffer !
A : - T'as peur de la fin ?
B : - Mais non ! Qu'est-ce que tu vas inventer ! Et puis on a tout ce qu'il faut dans le placard !
A : - Mais elle ne pense qu'à manger, c'est pas possible ! La fin de ton livre, la fin de l'histoire, la fin … du monde !
B : - Aaah, euh … Non ! J'aime faire durer ce qui est bon, c'est tout
A : - Donc tu ne connais jamais la fin des histoires que tu as aimé ?
B : - C'est ça !
A : - Mais c'est complètement con !
B : - Non, quand l'histoire me manque, je peux la reprendre, là où j'ai laissé le marque-page. Souvent, je m'arrête une dizaine de pages avant la fin.
A : - Si on pouvait faire ça avec tout ...
B : - Quoi ?
A : - Je dis que si tout était aussi simple, ça serait vraiment chouette !
B : - Oui, c'est vrai. Mais tu peux commencer avec un livre, c'est un bon début
A : - Début sans fin !
B : - Oui !
A : - Bon, je ferai peut-être ça la prochaine fois qu'un livre me plaira
B : - A la bonne heure ! - J'ai la dalle quand même
A : - Mais, j'ai une question …
B : - Je t'écoute
A : - Quand tu reprends le livre, plus tard, tu le finis cette fois-ci ?
B : - Surtout pas ! Ça gâcherait tout le travail !
A : - Ah !
B : - Tu prends le livre tant aimé, que tu as pris le temps de désirer à nouveau, tu l'ouvres délicatement à la page du marque-page, tu remontes une ou deux pages avant pour te remettre dedans, pour lui être entièrement disponible et tu savoures. Une page avant la fin, tu stoppes. Des fois, c'est brutal, mais il le faut. Enfin, tu redéposes le marque-page où tu l'avais laissé avant que tu remettes le nez dans cette histoire
A : - Oh ! D'accord
B : - A votre service ma chère ! - Bon j'ai vraiment VRAIMENT l'estomac qui réclame là
A : - Fin de la discussion, à table.
B : - Non, attends ! Mets un marque-page là, ici, maintenant. J'ai aimé cette discussion
A : - Comment je fais ?
B : - Arrêtes de causer
A : - On pourrait fabriquer un marque page pour histoires réelles !
B : - Pas con !
A : - Maintenant ?
B : - Oui, mets de la musique, La Belle au bois, t'as ?
A : - Affirmatif !
 
A lance la musique de GiédRé et ramène de grands trombones pour fabriquer des marques-pages colorés, qu’elles s’attachent l’une à l’autre et à quelques personnes du public.

A+B : - « Toutes les histoires n'ont pas toutes une belle fin »
A : - Parfait ! Je te fais à manger, depuis le temps que tu cries famine !
B : Ok ! Je te rejoins ! - Des fois, il vaut mieux mettre un marque-page plutôt que de mal terminer une histoire

B dépose un petit pot avec les marques-page sur le bord de la scène.

B : - Ce soir, nous pouvons tous en mettre un pour ne jamais terminer la notre.