BLABLA -

B : - Voilà, c’est moi qui commence !
A : - Qui commence quoi ?
B : - Le dialogue.
A : - Ah !
B : - Oui, c’est toi.
A : - Mais, non, tu viens de dire que c’était toi.
B : - Non, ou plutôt, oui : c’est moi qui commence le dialogue, mais tu es bien A.
A : - Aaaaah !
B : - Oui, si tu veux, comme ça on peut imaginer que tu as des enfants.
A : - Tu trouves que j’ai grossi.
B : - Mais non voyons !
A : - Je ne le prends pas si mal, va, ne t’inquiète dont pas.
B : - Oh et puis, comme tu veux.
A : - Voilà.
B : - Voilà.
A : - Bien.
B : - BIEEEN !
A : - A quoi penses-tu ?
B : - A rien, je regarde, c’est joli.
A : - Quoi donc ?
B : - Nous deux s’enchainant.
A : - Si c’est ta façons de me faire des avances, elle est mauvaise. Surtout après m’avoir parlé de mes rondeurs.
B : - Tais-toi ! Tu parles trop, ça y est, tu as brisé la jolie chaîne. C’est malin !
A : - Tu devrais dormir, ou arrêter de dormir. Boire du café ou arrêter d’en boire. Tu dérailles, vieux !
B : - Tu continues ! Mais tais-toi, tais-toi, tais-toi !
A : - Puisque c’est ce que tu veux.
B : - Merci.
A : - …
B : - C’est pas mal !
A : - ..
B : - Nous avons un bon rythme !
A : - .
B : - Chouette, c’est une belle œuvre que nous formons à nous deux !

B : - Ah, non A ! Tu brises à nouveau la chaîne.

B : - Ne te vexe s’il te plaît, je suis désolé. Je te demande d’excuser mon goût pour le beau.
A : - Des fois, tu es trop dur.
B : - Tu sais, je viens d’avoir une idée !
A : - Laquelle ?
B : - On devrait faire venir L, et notre conversation deviendrait un vrai BLABLA !
A : - Si tu veux.
B : - Je suis content que tu acceptes ! L, ramène-toi par ici !
L : - Pour vous servir, messieurs !
A : - Dois-je intervenir maintenant ?
B : - Toujours après L ! Et moi, …
L : - … Toi toujours après A, et moi, toujours avant lui, mais après toi.
A : - Vous êtes fatigants les gars. Je m’ennuie. Et puis, comment vont-ils faire, eux, pour
B : - STOP ! Ouf, c’était moins une !
L : - Pour quoi ?
A : - Pour nous jouer ? Ca vous fait peut-être rire, vous, mais moi je veux être écris pour
B : - STOP ! Ouf, c’était moins une !
L : - Pour quoi ?
A : - Pour être joué. Être lu ne me suffit pas ! Nos tirets indiquent l'invitation au jeu.
B : - Et bien, moi j’aime bien la beauté visuelle de la chose et ça me suffit.
L : - Et moi je trouve ça amusant, rigolo, mais c’est vrai que nous risquons de finir par
A : - Par nous ennuyer, à force de BLABLA.
B : - Oh, les gars, vous n’êtes pas drôles ! Encore un peu.
L : - Non. Et si nous décidons de nous taire, ton BLABLA ne peut plus être.
A : - Il n’est déjà rien, nous ne parlons de rien depuis le début !
B : - Et bien, je le trouve joli, moi, ce vide.
L : - Il nous use, nous. Notre conversation fût un véritable BLABLA. A, c’est à toi de finir.
A : - Je vais finir, et en beauté, pour votre bon plaisir, monsieur B ! En beauté, parce que je vais dépasser mon nombre de caractères autorisés. En beauté, parce que c’est moi qui dois finir, sinon, vous allez trouver ça laid, monsieur B : un BLABLAB, c’est moche, c’est laid, tout de suite, un BLABLAB, c’est repoussant, et puis, ça vous rebute, vous, un BLABLAB ! Mais je vais vous dire, moi, ce que j’en pense de tout ça : vous pensiez que c’était joli de créer un BLABLA vertical ? Vous pensiez que c’était novateur de discuter de cette forme ainsi créée par nous ? Mais non, monsieur B, non : parler de rien, ça a déjà était fait, et je pense d’ailleurs que Monsieur Beckett – qui, lui, mérite une majuscule à son M et une suite à son B – serait sans doute vexé s’il lisait notre vide ! Et puis, vous pensiez pouvoir faire le beau, le Beau B, en commençant ce BLABLA ?! Mais, voilà, vous avez tout perdu mon pauvre b, parce que je n’ai peut-être pas commencé, moi, première lettre de l’alphabet, et vous m’avez retourné : mais voilà, voilà : je termine, je finis, je conclue, et en Beauté, s’il vous plait ! Ou, plutôt, non : je mets un terme à ce rien, et Admirablement.